Par un soleil rayonnant, place de la Victoire, l’heure du rendez-vous approche. Voilà le Crunkmitaine aka Dirty Sam qui s’installe à la terrasse d’un café. Deux de ses acolytes l’accompagnent : Dj D.Fresh et P.Emcee. Le rappeur accompagné de ses deux gorilles qui ne sont pas là pour blaguer ! Effacez donc cette image préfabriquée de vos têtes, c’est justement par des vannes que la rencontre commence, et les gars en question n’ont rien du primate. Au fil de la discussion Samir nous parle de ces différents projets et de la manière de mener sa barque artistique. Avec un parler bien à lui, le emcee originaire de Vichy est un personnage sincère qui ne prend pas son business à la légère ! Mais même quand il a le sourire jusqu’aux oreilles, il faut se méfier du Crunkmitaine !
10 ans avant ce verre, le Crunkmitaine faisait déjà bouger la scène rap auvergnate. À cette lointaine époque, il est la moitié du groupe Adil & Samir et sort un album avec les Clermontois de Voix d’Ébène. “Mais depuis il y a eu 9 vies” lance la version Crunk du croque-mitaine. Au fil de ces multiples existences il a notamment fait partie d’un label parisien. L’expérience a été instructive, mais il n’en garde pas un souvenir impérissable : “plus ça allait moins on parlait de moi en tant qu’individu et plus on me présentait comme le petit du gars du label… Sauf que moi, je ne suis le petit de personne !” se souvient Dirty Sam. Il reste malgré quelques désaccords, reconnaissant de toutes les mains tendues qui l’ont jusqu’ici aidé à avancer. Après cette expérience il retourne à une formule solo qui ne l’empêche pas de collaborer avec des artistes venant d’un peu partout. Le rappeur tatoué chérit l’indépendance à tous les niveaux de son travail, et à l’un en particulier : “c’est beaucoup mieux en terme de gestion d’image”. Derrière ses airs désinvoltes, l’artiste est consciencieux et fait attention à sa manière d’évoluer dans le Rap Game, quitte à ce que tout prenne un peu plus de temps. Et puis de toute façon il ne doute pas du tout : “parce qu’on n’est jamais mieux servi que par moi-même !”, souligne-t-il sourire aux lèvres.
“Usain Bolt”, le TGV du Crunk frenchy
Son image justement, ne paraît pas fabriquée. Il semble juste qu’elle soit atypique et surprenante parce que Samir au quotidien l’est visiblement tout autant. Son côté “swager” respire, lui aussi, la spontanéité. Il aime et conceptualise le tatouage autant qu’il soigne ses coupes de barbe et celle des autres. Son côté “cainri”, il ne l’a pas dégotté dans les allées du marché de Clignancourt ! Des amis outre-Atlantique, une réelle passion pour la culture américaine et des séjours à répétition en Floride font que cette culture fait partie intégrante de sa personnalité et de sa musique. Allez, pour le fun, un petit film de vacances ramené des States où on le voit kicker en français. On comprend mieux pourquoi il est surnommé “Usain Bolt”, le TGV du Crunk frenchy câlé sur ses rails.
Musicalement le Crunkmitaine, c’est un son Dirty South peu courant en France. Il s’agit d’un sous-genre du Rap qui se démarque du clivage habituel Est/Ouest. Progressivement depuis les années 90, les rappeurs du Sud des États-Unis ont développé leur propre style, plus compatible avec les dancefloors. Outkast est un exemple de groupe qui a porté, à une époque, le son du Sud sur les canaux mainstream. À Memphis la scène underground a métabolisé le Dirty South, avalé avec une rasade de Bass Music, et en a pondu un sous genre : le Crunk. Plus tard, un beatmaker d’Atlanta, grandes dreadlocks sous la casquette, impose le Crunk sur la place publique, et ce producteur-là, c’est Lil’Jon. Des sons plus électroniques, plus bruts, des lignes de basse très lourdes et le côté crade d’une Dirty South privée de douche ! Pour l’anecdote, et pour cerner un peu mieux le genre, le rasta du Crunk le définit comme une contraction de “Crazy” (fou) et “drunk” (saoûl).
“Ludatiste au possible”
Lorsque l’on parle de ses références à Sam, on se rend compte qu’elles sont bien enracinées dans le Sud des USA. “Je suis Ludatiste au possible !” Comprenez : je suis fan de Ludacris. “Quand Luda a sorti son premier clip, j’étais aux Etats-Unis. J’étais dans une ambiance bizarre. Et là je vois ce gars qui rappe comme personne allongé dans une bassine. Il a un flow si versatile, il va vite, il s’arrête, il va doucement, il va à l’endroit, il va à l’envers… Je me suis dit : wow !” Mais son attachement à Luda trouve aussi son explication à un autre niveau. “C’est pas un gars qui rappe que la rue, il fait des sons sur les femmes, il fait des morceaux marrants… Puis c’est pas un mec du ghetto, il vivait dans un appart’ avec sa daronne, il est allé à l’école… donc en terme d’identification, c’est un peu la même.” D’autres viennent allonger la liste de ses influences : “ Bone Thugs’N Harmony, Techn9ne, Busta Rhymes… Bref, que des gars qui rappent bizarrement (rires) !”
Après la sortie de la mixtape Independent Day sur laquelle il apparaît à deux reprises, le Crunkmitaine se prépare pour une rentrée plutôt chargée. Le prochain album est prévu pour 2013 en distribution classique (contrairement aux mixtapes). “Un album de 13 titres, en 2013, j’ai pas encore regardé quel mois nous réserve un vendredi 13, mais ça risque d’être le jour de la sortie de l’album” confie-t-il en souriant. En septembre débarque aussi un autre projet collaboratif, 12 Rounds, auquel il contribue et dont nous reparlerons le moment venu. La sortie de sa prochaine mixtape, elle, est prévue le 11 septembre et le projet se nomme (âmes sensibles prenez garde) : La Fist Fucking. Petite info lâchée par Dirty Sam, il a invité sur un de ses morceaux, “la chaîne Hi-fi ambulante” : Driver. Derrière des apparences gonflées à l’égo trip, à l’humour et à la répartie, le emcee fait le boulot. Et quand votre platine avalera l’un de ses disques, le Crunkmitaine se matérialisera alors pour vous manger les oreilles.
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