On vous en avait déjà parlé il y a plusieurs semaines, Swan Lake le dernier bébé de Dada Masilo a su captiver son public, cette semaine à la comédie de Clermont. C’est bien connu, la danse classique et la danse africaine ne font pas bon ménage. Et pourtant, aussi invraisemblable que cela puisse paraître Dada Masilo parvient à fusionner les genres dans un mélange qu’on peut qualifier au pire, d’incroyable, au mieux d’époustouflant. Impressions dansées.
Détrompez vous, la danse classique est loin d’être figée, surtout chez Dada Masilo. Loin du Lac des cygnes crée au théâtre Bolchoï, Swan Lake donne un nouveau souffle, une nouvelle vie au ballet classique le plus connu du monde. Les codes du ballet romantique explosent. Chaque accessoire, chaque costume, chaque gestuelle qui fait partie des moeurs classiques est très finement détourné. Masilo prouve que le tutu jusqu’alors destiné au ballet romantique n’appartient pas seulement aux danseuses européennes. Les hommes portent des tutus, allant même jusqu’aux pointes de danse, les arabesques et grands jetés sont ajustés par des pas zoulous au tempérament excessif, entre modern’dance et ballet. Peu de pieds pointés pour beaucoup de flexs. Et quand le classique s’africanise ça donne un bouquet éclatant qui succombe sous nos yeux.
Et que dire des danseurs ? Transcendés en cygne, les ouailles parlent, chantent, hurlent en secouant grotesquement leur postérieur plumé. Ce n’est pas la technique qui nous surprend mais bien l’énergie, une énergie incroyable qui transmet au public de drôles de sensations. De plus les solos de Dada Masilo sont tout simplement époustouflants. Le fil conducteur de la pièce est maintenu par les monolgues tordants d’un danseur-comédien, assurant du même coup une justesse de ton hors-norme. 60 minutes à savourer avec excès.
Mais Swan Lake, c’est bien plus qu’une banale déconstruction du Lac Des Cygnes. Esthétiquement parlant, Swan Lake est un ballet sud-africanisé onirique qui s’éclot de façon logique. Philosophiquement parlant, le chef d’oeuvre de Dada Masilo, représente beaucoup plus que ça. Swan Lake, c’est une réelle remise en question pas seulement du ballet classique en lui-même, mais aussi de la société actuelle dans laquelle nous vivons. L’argument du Lac Des cygnes qui faisait de Siegfried l’amoureux adulé par sa tendre Odette penche ici pour un amour homosexuel. Comme une façon de vaincre pas à pas, les tabous. La chorégraphe explore jusqu’au bout la force de la danse. Elle se pose en penseuse des temps moderne, interrogeant la question des sexes et des genres, mais également la question de l’homophobie dans un pays ravagé par le sida. Ce fléau touche le continent Africain et la chorégraphe n’a pas peur de le crier haut et fort.
Swan Lake en quelques mots ? Une si jeune chorégraphe pour une très grande réussite.
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